Nuit de noces 1

Hernan Gallardo

• “"Nuit de noces 1"”
• 2008
• Xylographie
• 55.1 x 38.5 cm
• ©

Secret d'artiste

Les trois xylographies « Nuit de noces » font partie d’une série –la précédente est intitulée « La porte du fond »– créée plusieurs années auparavant, entre 1995 et 1996. Un premier tirage a été imprimé aux couleurs criardes qui ne semblent pas avoir satisfait Hernan Gallardo puisqu’il relègue le projet jusqu’en 2008. Quand il décide de reprendre la série, il concentre alors sa recherche sur l’obtention d’une harmonie des couleurs. Son choix d’assortir deux couleurs complémentaires, rouge vermillon et vert, peut surprendre et pourtant elles expriment avec force l’idée ironique d’une nuit de noces « ratée » et qui va à l’encontre de nos plus beaux rêves lorsqu’ils sont exaucés d’une manière inadéquate. La mariée a mal à la tête et s’échappe de cet instant unique pour une raison inconnue (a t-elle trop mangé, trop bu, trop dansé ?) Son comportement pourrait tout aussi bien être interprété comme un prétexte pour prendre la fuite face à la présence inopportune de son époux. Chacun peut proposer sa version du film et c’est peut-être là l’un des secrets d’Hernan Gallardo.

Psychologie dans l'oeuvre

Le marié désappointé reste nu et seul dans une chambre dont le lit nuptial ne sera pas défait. Il couvre son oreille droite du plat de sa main, geste dont l'archétype a une dimension symbolique qui résume la psychologie du personnage en prise à la souffrance. Le traitement de cette figure blanche et vide dans un environnement familier rappelle les préoccupations du norvégien Munch, en particulier la xylographie exécutée en noir et blanc sur bois de fil "Le cri" (1895) "La nuit de noces" d'Hernan Gallardo prend un sens plus profond : elle révèle un monde familier qui n’est plus rassurant et apparaît décalé par rapport à la norme établie dans une société qui ne répond pas aux aspirations qu’elle a elle-même fomentées. L’œuvre exprime un besoin spirituel, la nuit de noces étant liée non à un acte social, mais à un désir de beauté et d’amour réciproque, et qui révèle le désenchantement d’une réalité en porte à faux avec le rêve.

Cécile Bouscayrol