Trois lumières

• “Trois lumières”
• 2010
• Peinture à l'huile
• 100 x 110 cm
• ©

La vie semble être pour Aurora Bravo une vaste comédie humaine. C’est une approche à la fois intellectuelle et philosophique. Cette pensée se rattache à l’existentialisme : l’être humain est acteur de sa vie, par ses actes il construit son devenir. Selon Jean-Paul Sartre « L’existentialisme est un humanisme » Ainsi, Aurora Bravo démontre sa capacité à développer en images une pensée qui se veut universelle et tournée vers la connaissance de soi.

La scène est vide, illuminée par un réverbère qui « fait écho » au point lumineux qu’est la lune, et au feu vert. Ces trois lumières forment un triangle symbolique qui transcrit l’aspiration vers le spirituel. Inconsciemment, Aurora Bravo aborde les thèmes de la peur, l’aliénation, l’absurde ou le néant. On peut évoquer la philosophie de Heidegger et ses recherches sur « L’esthétique du beau » ou encore les travaux de Kierkegaard et Nietzsche.

La scène de théâtre de « Trois lumière » est en outre ouvert sur un décor naturel, vivant, délimité par une balustrade : l’océan, baie de Valparaiso dont on aperçoit la pointe. Le spectateur est étrangement hors de la scène, au-dessus, il peut monter les marches pour aller sur la scène, le feu est au vert, ou bien rester impassible. Tout est immobile et pourtant c’est un instant de soupir, une pause musicale, un silence.

Il y a dans cette peinture épurée un je ne sais quoi de René Magritte : le réverbère est un élément que l’artiste a également utilisé pour exprimer l’énigme de la vie. Dans cette scène de théâtre où devrait se dérouler une comédie, une tragédie, l’absence retourne le spectateur à lui-même dans une volonté de le détourner des vanités humaines.

Les tableaux d’Aurora Bravo invitent à la lecture, elle fusionne avec les pensées des plus grands philosophes du XXème siècle. C’est d’une intelligence rare et puissante, d’une beauté transcendante. Aurora est une peintresse de la pensée humaine et même si elle veut être actrice de sa vie, prendre les décisions qui oriente le lendemain, elle ne contrôle pas les circonstances imprévisibles. Certains écrivains parlent d’ironie du sort.

Cécile Bouscayrol