L'atelier de l'Artiste

• “L'atelier de l'Artiste”
• 2008-2009
• Acrylique sur lin
• 400 x 250 cm
• ©

Cher lecteur:

En espérant que tu vas bien, je t'écris cette lettre pour que tu connaisses ma dernière peinture de la présidente que j'ai appelée "L'Atelier de l'Artiste" citant l'oeuvre de Gustave Courbet et dans lequel j'ai fait mon autoportrait peignant la présidente Bachelet au côté d'une trentaine de personnes du monde de la culture de la région de Valparaiso, au Chili.

Dans cette œuvre apparaît l'artiste, c'est à dire mon autoportrait, regardant le public et travaillant dans un atelier situé à l'intérieur de la Chambre du Gouvernement. La Présidente pose sa main à hauteur de son épaule et repose sur sa jambe droite, laissant derrière, cachée, la gauche. J'ai aussi peint l'écharpe présidentielle et un costume bleu assorti aux chaussures de la même couleur. Dans la toile que travaille le peintre, l'interprétation de l'image est déterminée par une autre figure : la présidente en buste nue et sans visage, le bras plié et indiquant de son index dirigé vers le haut l'existence du Créateur, ce même geste qui apparaît dans plusieurs œuvres de Léonard de Vinci, et qui dans ce cas semble indiquer ce qui se passe au-dessus dans l'arbre derrière la toile et où j'ai exprimé la vie dans le mouvement des feuilles qui forment un grand poisson. Dans cet arbre-poisson j'ai inclus la fleur de tournesol à la place de l'œil, les feuilles au-dessus forment sa bouche. Le regard du spectateur s'échappe par une ouverture dans le toit qui laisse voir le ciel ; sur le bord de cette ouverture, et regardant vers le bas, j'ai peint un perroquet vert, l'icône de l'équipe de football professionnel de Valparaiso.

Revenons à l'œuvre dans laquelle l'artiste travaille, sous le buste nu et sans visage qui fait allusion à la présidente, j'ai créé une forme qui va de la taille aux pieds du corps de la mandataire, et qui se compose de trois cercles verticaux, les pieds à leur tour se transforment en ailettes d'une sirène qui semble être debout sur une tortue. Ce symbole de la femme sur la tortue est extrait d'une légende Rapa Nui. L'image antérieure est ébauchée sur la toile du peintre et est presque subliminale pour le spectateur. A côté, apparaît un arbre signifiant les fleurs dans le vase près de la présidente, et au-dessous, se produit un phénomène visuel intéressant qui synthétise une partie de ma recherche: un chien qui sort de la dimension picturale et dialogue avec son modèle, il s'agit d'une image vivante qui semble ne pas se conformer avec sa bidimensionnalité et souhaite participer à une autre réalité, les deux chiens s'observent l'un l'autre comme dans un miroir, donnant l'impression que dans la vie les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être . Le paradoxe de cette scène, c'est que le chien qui observe la toile a aussi été peint, non par l'artiste qui regarde le spectateur, mais par moi, l'Alter Ego de l'auteur, alors, le dit chien se confronte à son propre reflet, lequel plutôt que reflet, est une interprétation. Ici est développée une dialectique multiple sur la création, le créé et son action dans notre réalité. Pour le dire autrement, moi Artemiso Arteaga ai été créé par l'auteur, en même temps j'ai peint un autoportrait, à un peintre, qui à son tour a peint un chien, qui finalement se reflète avec le chien «réel», devenant la créature de la création, un phénomène sur l'action créatrice et que j'ai voulu exprimée au moyen de la fidélité de cet animal. Dans cette scène sont suggérées les multiples couches de la conscience picturale de l'auteur.

Dans cette œuvre j'ai aussi placé une série de tableaux que j'ai disposée aux murs. Au-dessus de la présidente, par exemple, j'ai recréé une œuvre de Gil de Castro où apparaît O'Higgins avec une cravate de notre époque et une moustache à la Dali, au bas de cette peinture, j'ai écrit une citation qui dit: "Passé et présent du «bâtard» Riquelme, portrait peint par l'infatigable et sympathique Arteaga Artemiso, en hommage à José Gil de Castro 1785-1843, "aussi, O'Higgins prend un rouleau que j'ai répété avec les fleurs du vase, intégrant pour la première fois mon symbole: la Fleur des Quatre Couleurs.

Sur la gauche, il y a un tableau dans une certaine pénombre où j'ai reproduit une autre œuvre que Gil de Castro fit de la mère de O'Higgins, à laquelle j'ai peint des écouteurs et un I-Pod pour la contextualiser dans notre époque.

Mais une autre peinture appelle l'attention dans cet Atelier d'Artiste, qui pourrait être aussi un miroir ; à droite de la toile il y a une silhouette qui semble sortir du cadre doré, c'est l'image de Salvador Allende avec une colombe dans sa main et qui repose sur sa poitrine, cette image fantomatique je l'ai associée à la couleur du costume du président. Ici Allende apparaît comme une présence éloquente de l'histoire de la Maison du gouvernement lui-même, et qui s'infiltre dans les couloirs du pouvoir pour nourrir et l'humaniser une pensée interrompue.

A droite de la toile, j'ai disposé une autre peinture en perspective, elle contient un personnage qui s'est transformé en énigme, il porte un costume bleu et sa main indique un document écrit sur un manteau de velours, avec la main il y a deux plumes, donnant à penser qu'il s'agit d'un personnage historique. Dans le document j'ai écrit le texte suivant : «Cette peinture est le reflet de la société chilienne sous le règne de la première présidente Michelle Bachelet 2006-2010 et a été peint par lui - et apparait la main du personnage qui cache la suite du texte et en dessous on lit - qui était un artiste modeste de l'époque, l'Alter Ego d'Andres Herrera Ovalle, le même énigmatique peintre Artemiso Arteaga, qui revient de New York pour portraiturer la présidente."

Je te raconte de plus, que j'ai disposé les couleurs de sorte à créer un rythme qui permet le mouvement de la lecture. Les couleurs de cette œuvre je les ai réparties par zones ainsi, vertes, bleues, brunes, noires, rouges, jaunes et grises, elles équilibrent la composition.

En outre, les parois de la chambre sont légèrement inclinées pour donner plus de mouvement et de plasticité à la rigidité de l'architecture.

J'ai divisé l'espace d'après des études de Giotto, Velazquez et du même Courbet. J'ai divisé l'œuvre en deux segments traversés par une ligne horizontale imaginaire au milieu de la toile. De la ligne jusqu'en haut j'ai montré l'amplitude de la pièce, et depuis la ligne vers le bas j'ai peint une trentaine de personnalités du monde de la culture de la région de Valparaiso.

J'ai du contacter et photographier ces personnes pour créer L'Atelier de l'Artiste, œuvre née de la nécessité de laisser à la postérité un portrait de groupe qui marque la période historique que nous vivons, nous Chiliens, sous le règne de la première présidente en Amérique Latine et lors de la célébration du Bicentenaire. Nécessité à laquelle j'espère avoir subvenu également avec toutes les œuvres de ce projet.

Andrés Ovalle

Dans L'Atelier de l'Artiste apparaissent debout de gauche à droite:

Pablo Andueza, Thelmo Aguilar (derrière), Virginie Vizcaino, Juan Cameron, Jorge Coulon, Dino Samoiedo (derrière), Peter Kroeger, Albert Ludwig (Q.E.P.D.) Ana Maria Chamy (derrière)

Assis de gauche à droite : Javier Adan, Temo Lobos (Q.E.P.D.), Patricio Manns. Au premier plan et de dos : Juan Ayala.

À l'autre extrémité, debout, de gauche à droite : Mario Paté Ibarra, Camilo Vargas (derrière), Paula Contreras, Gonzalo Palma (devant) Marcelo Rossi.

Dans la rangée de derrière : Andrew Gajardo, Alejandra Fritis, Francisco Chahuán, Bernardo Providel et Jorge Cruz (avec un bébé dans les bras).

Dans la rangée du milieu : Klaudia Kempler (assise), Antonio Guzman, Vanessa Grondona, Arnoldo Carvajal.

Assise avec le livre : Michèle Romieux ; photographiant : Mauricio del Pino, se situant au premier plan allongée: Pilar Sepúlveda.