Le fruit le plus secret

• “Le fruit le plus secret”
• 2011
• Crayon sur papier
• 60 x40 cm
• ©

Les surfaces paraissant plus pâles au fur et à mesure que l’on s’éloigne d’elles, Herna Freile joue sur les variations de valeurs et sur la structure des formes. Ainsi elle construit des effets de perspective. Tenant compte de ce phénomène physique de la lumière filtrée par les particules de poussière, dans son dessin intitulé Le fruit le plus secret, Herna Freile compose une œuvre à la fois raffinée et romantique.

Cette conscience des valeurs tonales est essentielle car elle permet de contrôler le geste effectué par la main dans l’objectif précis de définir la circulation du regard dans un dessin. Le mouvement du poignet doit être souple et détendu. C’est un exercice mental qui requiert à la fois patience et concentration. L’artiste a pris également le temps de considérer la qualité esthétique de son tracé et de ne pas l’estomper de manière à protéger sa suavité et sa force.

Il émane une ambiance apaisante de ce dessin. Le spectateur est placé derrière la grille d’un jardin mystérieux auquel mène un chemin. Personne n’est là. La muraille au fond rappelle les croquis de ruines antiques que les maîtres d’autrefois excellaient à dessiner. Au-delà de cette grille, Herna Freile s’est concentrée sur la représentation des tonalités plutôt que sur les détails linéaires. Le feuillage a été minutieusement dessiné de sorte qu’ils semblent bruisser. Ce regard jeté au travers de la grille crée une sensation de désir.

Le titre Le fruit le plus secret corrobore ce sentiment étrange mêlé de tendresse. Plusieurs histoires sont à raconter, passées, présentes ou à venir. L’emploi su superlatif « le plus » invite à jauger la profondeur du propos. Chacun puise en sa mémoire et, guidé par ses fantasmes, est transporté dans un monde imaginaire. La délicatesse est d’avoir opté pour une représentation en valeurs tonales mais aussi pour la suggestion d’une présence, la notre, par l’absence de protagonistes humains ou animaux. Souffle en un vent léger de liberté.

Cécile Bouscayrol