Flying apple
Arnaud Laval
Ejemplo de texto, del 21 agosto. Les habitants des hauts plateaux craignent que le projet ne les prive de leurs ressources en eau. | Chile/Cecile Bouscayrol
- “Flying apple”
- Sd
- Eau-forte Aquatinte
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« C'est au fruit qu'on reconnaît l'arbre » mais les individus ne peuvent être jugés isolément. La réhabilitation de l'arbre n'est en effet possible que si ce sont les bons fruits qui sont pris en considération, rendant ainsi les mauvais négligeables.
Quand Abraham intercéda en faveur des habitants de Sodome, il argumentait déjà ainsi. Sinon, c'est un jugement dévastateur qui condamne l'humanité toute entière. « Bien vaniteux les justes qui s'imaginent ne rien devoir aux tâtonnements, aux injustices, aux erreurs, aux hontes qui les transcendent. Ridicule le fruit qui méprise l'arbre »1. L'abandon confiant à l'arbre, tel est l'ultime terme de la sagesse et tout le progrès spirituel consiste à prendre conscience de son appartenance à l'arbre.
Dans cette gravure, le choix de l'arbre fait en outre référence au personnage du Livre de la Genèse : la mère de l'Humanité qui a cédé à la tentation de goûter à l'arbre de la connaissance du bien et du mal, dans l'illusion d'accéder à l'immortalité (symbolisé par l'arbre de vie), et qu'Adam nomma alors Ève. La pomme d'Arnaud Laval flotte dans le ciel étoilé. Nous sommes les spectateurs de la transformation du fruit : des pépins ont germé les ramifications qui croissent. L'artiste donne une version optimiste du devenir de l'humanité qui, certes, commet des erreurs mais produit aussi de « bons fruits ».
Ce ne sont pas des sentiments de culpabilité qui sont générés à partir de l'image du « fruit défendu » mais plutôt une vision transcendantale qui invite à aller au-delà du perceptible (le visible/ L'invisible, la liberté de l'âme selon Kant [c'est à dire Dieu], qui se tient en dehors de l'expérience empirique). C'est une capacité qui donne aux êtres humains la possibilité de participer à la construction de leur avenir, ils peuvent accomplir le mouvement qui leur permet de se dépasser sans cesse (projet de moi vers l'autre), « ce qui passe la pensée et nous surpasse »2
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« Car la vie de quelqu'un, même la plus humble, est un déroulement inédit et original d'une suite d'expériences unique en son genre. Le témoin ne peut donc juger qu'à la condition de rester témoin jusqu'au bout. Qui sait si la dernière minute de viendra pas d'un seul coup dévaluer une vie apparemment honorable ou réhabiliter au contraire une vie exécrable ? »3
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L'être humain est comparable à l'arbre. Il croît vers son accomplissement jusqu'à son achèvement. « La Forêt représente pour chaque arbre une destination dont il n'a nullement conscience ; mais dense et vivante, elle couvre la montagne d'une fourrure noire. »4 Les individus ne se connaissent pas comme faisant partie du tout (l'arbre). Chaque individu participe à l'existence de l'Humanité dans un principe de rassemblement. L'arbre est en effet la condition même de la fleur. « Si je désire la fleur de l'arbre, me faut accepter l'arbre tout entier. »5 C.B.