Ensemble
Laila Havilio
Ejemplo de texto, del 21 agosto. Les habitants des hauts plateaux craignent que le projet ne les prive de leurs ressources en eau. | Chile/Cecile Bouscayrol
- “Ensemble”
- 2011
- Pierre métamorphique de la rivière Maipo
- An.48 x Al.35 x P.22 cm
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La fascination pour les roches générée en partie par la richesse minérale du Chili stimule l'imagination, les roches auraient des vertus magiques et thérapeutiques. Toute la symbolique a été développée : le quartz signifiant la lumière, les cristaux opaques (malachite, lapis-lazuli, etc.) sont récepteurs d'énergie, etc. La production artisanale fait encore grand usage de combarlite, pierre nationale du Chili, tandis que la bijouterie décline toutes sortes de créations assortissant l'argent et le lapis-lazuli.
Les roches qui proviennent de la cordillère des Andes sont charriées par les eaux ruisselantes jusqu'aux rivières dont la rivière Maipo à 60km au sud-est de Santiago. Et « quand la rivière rêve, c'est parce qu'elle apporte des pierres ». Ces pierres roulées par les eaux et que l'on trouve tout le long de la rivière sont appelées « cantos » et inspirent nombre d'artistes ; en 2002, par exemple, Teresa Gazitúa présenta au Musée Cabildo de Montevideo l'exposition intitulée Première musique de la rivière. Le travail de la pierre est, pour ainsi dire, une tradition fortement ancrée.
Sélectionnée pour sa forme, sa couleur et sa texture, Ensemble de Laila Havilio présente l'aspect originel de la pierre. Sa forme primaire est donc délibérément préservée, cela lui confère une rusticité évocatrice des temps primitifs. Cette œuvre intègre les concepts que forme la nature, nature si prégnante au Chili. La pointe supérieure bifide détourne l'interprétation d'une signification liée à la forme ovoïde (surface qui évoque l'œuf). Cependant, le titre Ensemble ramène à la symbolique de l'œuf (l'œuf cosmique chez les Incas, dont le monde est né, apparaît entouré de la lune et du soleil). C'est en fait un symbole universel.
La couleur très particulière de cette sculpture est une spécificité des ophiolites, « pierres vertes », qui « se réfèrent à un complexe de roches magmatiques plus ou moins serpentinisées et métamorphisées, basiques. (…) Les ophiolites sont donc des fragments de lithosphère océanique mise en place sur un continent et souvent pincés dans une chaîne de montagnes. (...) Elles sont présentes dans de nombreuses chaines de collision. »*. Cette sculpture de Laila Havilio est en outre composée de minéralisations qui lui donne ce somptueux faciès. Ensemble parle d'union, elle est à placer sous le signe d'Aphrodite, la déesse de l'amour, née de l'écume de la mer.
Cecile Bouscayrol
*« Séquence de roches éruptives associées sur le terrain et comprenant de bas en haut des péridotites, des roches gabbroïques et des pillow-lavas surmontés par des radiolarites. [Synonymes : cortège ou complexe ophiolitique.] Le terme d'ophiolite (du grec, ophis, « serpent », et lithos, « pierre ») fut introduit en 1813 par le Français Alexandre Brongniart pour désigner une roche verdâtre, avec un aspect rappelant la peau de serpent, composée essentiellement de serpentine (minéral d'altération des olivines et des pyroxènes).
Les ophiolites, ou « roches vertes », se réfèrent à un complexe de roches magmatiques plus ou moins serpentinisées et métamorphisées, basiques (moins de 50 % de SiO2), avec de haut en bas : des laves, en l'occurrence des basaltes, puis, leur équivalent entièrement cristallisé, des gabbros et ensuite des roches ultrabasiques (moins de 45 % de SiO2) les péridotites. Ces dernières sont des roches silicatées ferromagnésiennes comprenant des péridots – dont l'olivine, des pyroxènes et des spinelles (dont la chromite).
Ces complexes dits ophiolitiques sont incorporés dans un grand nombre de chaînes de montagnes.
Depuis le développement du concept de tectonique des plaques, il est apparu que les ophiolites sont d'anciennes portions de croûte océanique qui ont échappé à leur destin habituel : celui d'être complètement absorbées par la subduction, puis d'être fondues et recyclées dans le manteau. En effet, il n'existe pas, au fond de la mer, de plancher océanique plus vieux que 200 millions d'années. Par contre, les géologues ont trouvé sur les continents des lambeaux d'ophiolites très âgées, jusqu'à 2,7 milliards d'années : ce sont des témoins d'« océans perdus ». Les ophiolites sont donc des fragments de lithosphère océanique mise en place sur un continent et souvent pincés dans une chaîne de montagnes. » Extrait de l'encyclopédie Larousse