Estampes sans limitation
© L'exposition Daumier (1808-1879)
© Samedi 11 octobre, 10:30h
L'exposition Honoré Daumier
L'exposition hommage au graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, Honoré Daumier (1808-1879) met en exergue le regard de l'artiste sur la vie sociale et politique en France au XIXème siècle. Les lithographies acquises lors d'une vente aux enchères ont été prêtées par le collectionneur Mordecaï Moreh. Ces épreuves sont tirées du quotidien "Charivari" (signification : attroupement de gens qui témoignent de leur désapprobation. Par extension : querelles) lancé fin 1832 par Charles Philipon et qui publiait ses lithographies sous forme de séries. Par la caricature de moeurs, Daumier décrit la société parisienne, quelque peu misogyne quand il évoque les femmes écrivaines. L’exposition Daumier succède à l’exposition Goya ont en commun l’universalité de leur thématique que le public peut comprendre soit de manières fermée : un Espagne hostile, une France mesquine, soit de manière ouverte : la guerre et de ses souffrances, la société et ses moeurs. C’est la conscience de nous-même qui détermine le degré de polarisation et compréhension. Daumier utilisa finalement l’allégorie pour communiquer sa vision de l’humanité, ou plutôt « deshumanité » tant son rapport à la réalité s’éloigne de l’utopie ou d’un idéal illusoire. La métaphore pour exprimer l’idée avec davantage d’habileté ? Tout comme son trait se fait plus libre et fluide. Dessinateur de presse invétéré, il n’a de cesse de défendre la liberté d’expression contrecarrée par une censure omniprésente. C’est son attachement à la paix qui le rapproche des artistes les plus convaincants de l’histoire du monde.
La compétition ou "Mini Prints"
© Le concours des Mini Prints 2014
La Mini Print consiste en un concours international qui invite les participants à proposer cinq estampes dont une intègre la nouvelle collection (qui s’ajoute aux précédentes). Les dimensions ne peuvent excéder un format A4. Cette compétition est pour le moins largement ouverte à tous, dans une perspective populaire, sans que pour autant ne soit écarté une volonté qualitative puisque les gagnants sont toujours des experts en la matière. Ainsi les expositions personnelles qui en découlent démontrent des caractères d’originalité de la production de l’artiste.
© Palmarès 2014 : Oleg Denysenko
Le palmarès de cette 9ème Triennale met en avant le travail d’Oleg Denysenko (Ukraine), Mikio Watanabé (France/Japon), Jacques Moiroud (France), mais aussi Milan Bauer (République Tchèque), Paulo Roberto Lisboa (Brésil), Hayk Grigoryan (Arménie), Marc Valentin (France), Isadora Villarino Herrera (Chili), Vesselin Vassilev (Bulgarie). La sélection est non exhaustive et d’autres talents existent au sein de la compétition.
© Cécile Bouscayrol, Josef Werner, Karen Kunc
Expositions et rencontres
Un Mondial de l’Estampe c’est aussi des rencontres, entre les artistes, avec des professionnels (qui se font toutefois discrets). Les collectionneurs le plus souvent ne se mêlent pas à la plèbe et vous ne les connaîtrez que de nom (et encore).
Les rivalités s’affirment aussi, à quoi bon pourtant ? Vanité et autosatisfaction ne sont pas l’enjeu. Il serait d'ailleurs regrettable que les compétences de l’un s’expriment au détriment de l’autre, l’univers des arts est vaste. La diversité des expositions collectives ou individuelles est un atout puisque le public peut ainsi choisir vers quelles aspirations rêver : pays d’Europe, d’Amérique, si possible les cinq continents c’est beaucoup plus attrayant ! Et puis la concrétisation d’une exposition par des délégués éclectiques, associés ou indépendants, est une indispensable chance qui génère des dynamiques constructives.
Cette année, nous avons pu rencontrer Karen Kunc artiste américaine xylographe et enseignante, à titre privé mais aussi à l’Université du Nebraska, Fernando Santiago qui pratique la gravure non toxique et qui transmet son expérience à l’Université Interaméricaine de Porto Rico, Josef Werner dont les eaux-fortes colorées combinent réalité et onirisme.
© Exposition Manuel alba
© Exposition Sylvie Bataille
Visitant les expositions, l’un de nos coups de coeur s’est porté sur le travail d’Alexsander Sorokin qui représentent en xylogravure des scènes d’une Russie traditionnelle dont les plus grands auteurs nous transportent encore.
© Alexsander Sorokin, musée d'Ussel
© Fernando Santiago, démonstration
Ateliers de gravure
Des ateliers de démonstration facilitent une approche concrète et didactique de l’estampe. Marie Naud (France) nous invite à découvrir la linogravure, Fernando Santiago (Porto Rico) réalise une épreuve non toxique, mais aussi Hélène Hibou, Josef Werner, Marc Brugerolles. Le public est impliqué dans initiation ludique de pratique des arts. Et lorsque notre intérêt s’amplifie l’envie nous prend de vouloir visiter des lieux culturels tels que le Musée du pays d’Ussel, qui abrite temporairement la collection d’Alexsander Sorokin, dédié à la lithographie. L’histoire de l’estampe est indissociable de celle des presses et outils.
Le catalogue
La consultation du catalogue permet de prolonger la découverte du monde de l’estampe. Un article « L’expérience de la gravure au XXIe siècle en Europe orientale »* pages 56 à 63 propose par exemple une ouverture sur les pays de la Biélorussie à la Russie, Moldavie, Pologne, Ukraine, Slovaquie, Lituanie, Serbie. Le panel des artistes facilite une exploration renouvelée de l’art contemporain, les horizons atypiques d’artistes singuliers s’ouvrent à notre curiosité : Žarko Smiljanić (Serbie) p.82/83, Biljana Vuković (Serbie) p. 84/85, Didier Hamey p.130 à 131, les artistes du Chili que nous avons présentés au travers du focus intellectuel de « Concepts de série » pages 134 à 137. Enfin, la partie dévolue aux artistes concourant permet d’envisager avec sérénité l’avenir de cet art qu’est la gravure (l’estampe au sens plus large incluant la lithographie, la sérigraphie, parfois la collagraphie selon les jurys).
Cécile Bouscayrol, Historienne des arts