La mort du saltimbanque
Une invitation du Chant de l'encre
Les artistes de la Région de Valparaiso relèvent le défi avec enthousiasme
La gravure au Chili continue d'être développée et la multitude d'ateliers à découvrir est surprenante, qu'ils soient ouverts au public ou privés. Les ateliers de la région de Valparaiso et ses artistes sont les représentants d'un savoir qui est profondément enraciné dans le paysage culturel du Chili. Ainsi, il était logique de le rapprocher avec des évènements s internationaux, comme la Triennale de Chamalières organisée en France depuis près de trente ans. En 2010, ont été exposées trente œuvres de quinze artistes de la région de Valparaiso qui ont représenté le Chili l'année du bicentenaire de son indépendance. (cf. "Le Mercurio de Valparaiso", 21 novembre 2010 Art p.6-7).
La présence de ces artistes en France durant l'année 2010 a généré de nouvelles invitations. Cette fois dans le cercle plus formel des musées de la RMN (Réunion des Musées Nationaux en France) où les artistes peuvent promouvoir leurs travaux et accéder à une meilleure reconnaissance de niveau nationale mais aussi internationale.
© Cécile Bouscayrol
Du 19 mai au 24 de juin 2012, au MARQ de Clermont-Ferrand
Cette nouvelle exposition, organisée par "Le chant de l'encre", en collaboration avec le Musée d'Art Roger Quilliot à Clermont-Ferrand, se déroule du 19 mai au 24 de juin 2012. Le thème de l'exposition, "La mort de Saltimbanque" est articulé autour d'une peinture "Les Saltimbanques", conservé au MARQ, de l'artiste français Gustave Doré (Strasbourg 1832 - Paris 1884) qui est un sinon le graveur le plus fameux de son siècle en Europe. Huit artistes chiliens : Christian Carrillo, Beto Martinez, Maria Luz Davila, Gladys Figueroa, Virginia Maluk, Victor Maturana, Gabriela Robin, Antonella Rojas mettent en exergue leur talent et offrent leur interprétation.
Ville de Clermont-Ferrand © Musée d'Art Roger Quilliot [MARQ]
Gustave Doré, un maître graveur français incontesté
Dirigeant un atelier de graveurs, Gustave Doré a illustré la Divine Comédie, Don Quijote et les œuvres d'auteurs comme Rabelais, Balzac, Edgar Allan Poe, ou encore les contes de Perrault. La Bible illustrée en 1865 fut un grand succès qui permit à l'artiste d'ouvrir la Galerie Dorée de la New Bond Street à Londres. Doré fut un graveur si fameux que le public ne fut pas disposé à accepter qu'il soit également peintre ou aquarelliste. "Les Saltimbanques", huile sur toile, réalisée en 1874, est l'une des rares peintures de G. Doré.
© Marie-Aimée Romieux
Un thème dramatique
D'autre part, cette peinture propose un thème peu commun : la mort tragique d'un enfant acrobate. La théâtralité s'organise à partir d'une composition en perspective : un jeu de diagonales qui focalise le regard du spectateur sur le corps pale de l'enfant blessé gisant dans les bras d'une déesse du destin. Egalement source principale de lumière, l'enfant en sang, vêtu de blanc, apparaît avec la femme (sa mère ?) au centre d'un demi cercle que forment une que forma un jeu de cartes - dont l'as de pique symboliserait la mort- prolongé par les instruments et les pelotes au sol.
© Marie-Aimée Romieux
L'antagonisme des couleurs vives, en accord avec le divertissement, et la réalité de la chute de l'enfant donne à la scène une force dramatique inhabituelle, qui va au delà du "misérabilisme" L'espace de spectacle où l'enfant est tombé reste dans l'obscurité, des compagnons regardant en silence la famille. Les animaux semblent compatir à la souffrance de cet homme et de cette femme acrobates.
Gustave Doré aurait dénoncé là l'exploitation des enfants, le titre original de cette œuvre fut en effet d'abord "la victime", imitant son contemporain l'écrivain et poète français Víctor Hugo (1802-1885) Condamné à l'errance et à la fatalité, telle une vierge noire, la gitane symbolise la dignité de la condition humaine.
"Le Chant de l'Encre", une association dédiée a la gravure originale
L'organisateur "Le chant de l'encre" en collaboration avec le Musée d'Art Roger Quilliot, offre une liberté créative importante pour les artistes invités à participer, chacun pouvant décider du format et de la technique des œuvres créées. "L'artiste peut évoquer, suggérer, ou dévier, s'inspirant ou non de la peinture” explique Jean-Michel Brugerolles.
© Marie-Aimée Romieux
Graveurs chiliens : une participation remarquée
Los graveurs de la région de Valparaiso font partie de cet évènement avec une sélection d'œuvres originales et de grandes qualité. Ces œuvres apportent une touche d'originalité. Les techniques utilisées sont variées : xylographie, linograpphie, collagraphie ou carburundum. Quelques unes de ces œuvres sont :
- "Mon cœur s'est brisé" de Christian Carrillo,
- "Icare "de Beto Martínez,
- "Mort annoncée" de Maria Luz Davila,
- "Sans titre" de Gladys Figueroa,
- "Désolation" de Virginia Maluk,
- "L'Hermite" de Víctor Maturana,
- "On ne s'attend jamais à cela" de Gabriela Robin,
- "Le trapéziste" d'Antonella Auda.