La manière noire
Est révélé, petit à petit, un nouvel endroit, mystérieux, onirique, non pas descriptif et capable de se déplacer en révélant une réalité cachée, profonde comme un voyage dans un pays mythique, séduisante, là où les cieux apparaissent transparents avec des clairs de lune aux couleurs perlées, où sont évidentes les évocations des histoires de Conrad où la végétation est luxuriante.
Silvana Martignoni © Gravant au berceau
J’ai produit mes premières gravures dès 1980 et, par la suite, en 1983, j’ai commencé à expérimenter la manière noire. Immédiatement, j’ai été passionnée par ce genre de gravure directe, sans l'intervention d'acides corrosives, qui m’ a ouvert un monde, absolument au delà de la simple réalité photographique qui lui est attribuée à tort.
Comparé à d'autres techniques directes, dans la manière noire l'opération est contraire, le sujet sort de l'ombre et s’offre avec des nuances différentes qui rappellent des clairs de lumière. Cette transition, depuis le noir absolu et velouté jusqu’à la luminosité est un moment de grande émotion révélatrice. Y émerge un univers de souvenirs, le lien avec la nature bien-aimée. La vie est là, dans les nombreuses formes qui émergent de l'obscurité.
Voile après voile y apparaît une icône pleine de complexité, capable de capturer l'imagination, la lumière à la fois organise et redonne la conscience et la mémoire.
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La préparation de la plaque est longue et pénible, grainer au berceau (instrument en demi cercle couvert de dents métalliques qui pénètrent le cuivre) pendant plus d'une heure est impossible car c’est très fatigant, il faut s’arrêter et se concentrer sur d'autres choses.
Silvana Martignoni © 2013 "Infinity vortex" manière noire
Poursuivre la réalisation de la plaque (avec des grattoirs et des brunissoirs) requiert beaucoup de temps et de concentration.
Il est important de communiquer un message : l'image qui émerge est le témoignage de l'existence d'un monde parfait naturel et préservé qui va être détruit et, dans chacune des images il y a une grande nostalgie à ce que l'humanité se préoccupe de la considérer importune.
La nature observée (les souvenirs d'enfance, les voyages bien-aimés) et l'abstraction fusionnent et se révèlent dans le fini.
Silvana Martignoni © "Tous les jardins vont à la mer", manière noire 32x32,1 cm
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J’ai des dispositions pour la partie artisanale du travail du graveur, les astuces, les raccourcis, les boutades n’appartiennent pas à ma personnalité. Cela ne m’intéresse pas.
Les heures de travail consacrées à la construction du réseau de signes et de surfaces ne me pèsent pas du tout, j’ai toujours eu de la patience, j’aime réaliser mes plans calmement, signe après signe, voile après voile.
Dans la phase de conception j’emploie le dessin et la lecture de textes. Je trouve que le langage dans la réalisation de la gravure est tellement varié et donc suffit à me fournir tout ce dont j’ai besoin.
Je sais que la morsure du métal a toujours des effets imprévisibles, cependant il faut faire attention pour que le résultat final ne soit pas déterminé par l’action du chlorure d’oxyde ferrique ou du sulfate de cuivre. En verni mou et aquatinte, il y a une partie de hasard qui, quand elle est bien traitée, conduit à obtenir des effets très raffinés, des piqûres, des halos irréguliers, fondus, ce qui rend visible l'invisible.
A l’estampe à sec j’aime associer la pointe sèche et l’eau-forte, mais surtout la manière noire et l’eau-forte avec la composition de formes isolées. Ces associations techniques déterminent une préciosité magique.
J’ai développé un répertoire de signes où puiser, en restant cohérent avec ma personnalité, dans la ligne de ma veine poétique.
Même l'étape d'impression avec les différents types d'encre, le papier et les méthodes de nettoyage des plaques, est un aspect fondamental. En outre, la matrice doit être élaborée par le graveur à chaque étape, sinon ce n’est pas un tirage original.
L'objectif que depuis toujours je propose, c’est de transmettre mon amour absolu pour la nature.
Silvana Martignoni © Gravant au berceau
Silvana Martignoni © 2012 "Le silence de la lune" manière noire 30x40 cm
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Emotionellement j’erre comme un félin infatigable, à la recherche de sa forêt idéale ; la nature a toujours été un territoire de charme infini, de vibrantes variations de formes, lumières et couleurs qui, traduits en noir et blanc, vont transmettre des valeurs autobiographiques, affectives, esthétiques, littéraires, dans une infinie richesse.
La gravure: une grande passion
Découvrir quelque chose de spécial subtilement, avec sensibilité et passion, à travers les émotions et les ravissements du regard, entrer dans une forêt, suivre des voies qui pénètrent l’imaginaire, se perdre dans le mystère complexe de la végétation, sentir les parfums, sentir la présence de grandes et petites vies, en réalisant d'avoir autour un nombre infini qu’autour existe une infinitude de sollicitations, s’incliner devant la grande puissance de la nature : céder à la transformation lente des matériaux dont la composition change avec le temps, ainsi que des substances corrosives utilisées dans morsure d'une plaque en cuivre, vont enlever, émietter, faire fondre le métal, révélant dans les signes le message que l'artiste transmet au “tourbillon infini” qui pousse l'humanité vers un destin inimaginable.
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L'instabilité de la frontière entre le réel et l’irréel, des traces de lumière qui se lient et se dissolvent vont mettre en évidence de nouvelles formes. Des traces qui se consument, une fragilité sans réponses apparente, les beautés qui apparaissent puis disparaissent sont comme une fascination flamboyante.
La variété des techniques, la volonté de s’exprimer avec un langage clair qui recueille une réorganisation importante d'idées pour ne pas laisser quoi que ce soit.
Les impressions d'actualité, les souvenirs de son propre être, les chemins entrepris et puis quittés, les possibilités de tentatives évanouies, peut-être trop timides, de voyage dans de vastes territoires physiquement jamais vécus mais que, avec la sensibilité d'une alchimie, on peut révéler, comme une surprise, d'abord sur une plaque de cuivre, puis sur une simple feuille de papier humide.
Incorporer les rêves à la réalité, par des jardins pittoresques, baroques, remplis d'une architecture impressionnante comme un ensemble de folies dispersées dans le parc, s’impliquer et se laisser transporter dans un monde harmonieux, riche en biodiversité. Ajouter la nostalgie de l'âge d'or et de la vie sauvage réelle, puis l'Inde et l‘Orient avec leurs splendides mémoires archéologiques, la sensualité et la beauté des gens, les paysages choquants.
Valoriser les techniques, superposer verni mou, eau-forte, aquatinte, privilégiant le signe, la connotation personnelle du graveur, placer aux côtés de formes distinctes de la manière noire pour obtenir des images stylisées, nouvelles, conceptuelles, fortement liées à l'invention d'une langue indépendante, très contemporaine, mais qui refuse les habitudes et le commerce.
Trad. de l'italien Silvana Martignoni, corrections : Cécile Bouscayrol
Ho prodotto le prime incisioni a partire dal 1980 e, a seguire, nel 1983 ho iniziato a sperimentarmi nella maniera nera. Ho trovato subito entusiasmante questo tipo di incisione diretta senza l’intervento di acidi corrosivi e mi ci sono appassionata subito perché mi ha aperto un mondo, assolutamente al di là della mera realtà fotografica che le viene erroneamente attribuita.
Si palesa, di passaggio in passaggio, di soggetto in soggetto, un luogo nuovo, misterioso, onirico, non descrittivo e capace di emozionare rivelando una realtà nascosta, profonda come un viaggio in un paese mitico, seducente, dove i cieli appaiono trasparenti con chiari di luna perlacei, aloni nebulosi di memoria conradiana e la vegetazione è lussureggiante.
Rispetto alle altre tecniche dirette, nella maniera nera l’operazione è contraria, il soggetto esce dall’ombra e si offre con sfumature diverse che rimandano a bagliori di luce. Questo passaggio dal nero assoluto e vellutato alla luminosità è un momento di grande emozione rivelatrice. Viene a galla un universo di ricordi, di legami con l’amata natura.
La vita è lì, nelle molte forme che emergono dalle tenebre.
Velo dopo velo si presenta un’icona ricca di complessità , in grado di catturare l’immaginazione, la luce ordina e restituisce sia la coscienza che la memoria.
La preparazione della lastra è lunga e faticosa, impossibile granire per più di un’ora con il berceau(strumento a mezzo cerchio coperto da denti metallici che penetrano il rame),è molto faticoso, occorre interrompere e dedicarsi ad altro.
A seguire, la realizzazione della lastra (con raschietti e brunitoi) assorbe una quantità rilevante di tempo e di concentrazione.
E’ importante comunicare un messaggio:l’immagine che sta emergendo è la testimonianza dell’esistenza di un mondo naturale perfetto e incontaminato che sta per essere distrutto e, in ognuna delle icone c’è una grande nostalgia per ciò che l’umanità si affanna a considerare ingombrante.
Natura osservata (ricordi d’infanzia, amati viaggi) e astrazione si amalgamano e si palesano nel finito.
Ho una grande inclinazione per la parte artigianale del lavoro incisorio, gli artifici, le scorciatoie, le trovate non sono in sintonia con la mia personalità. Non mi interessano.
Le ore di lavoro passate a costruire fitte trame di segni e superfici non mi pesano affatto, ho sempre avuto pazienza, amo realizzare i miei progetti con calma, segno dopo segno, velatura dopo velatura.
Nella fase progettuale utilizzo il disegno e la lettura di testi. Nella realizzazione trovo che il linguaggio dell’incisione sia talmente vario da fornirmi tutto quello che mi è necessario.
So che le morsure hanno sempre effetti sorprendenti ma non lascio che sia il percloruro o il solfato di rame a decidere il risultato finale. In ceramolle e acquatinta c’è una parte di casualità che, se ben governata, porta ad ottenere effetti molto raffinati, aloni irregolari, puntinature, dissolvenze, ciò che rende visibile l’invisibile.
Alla stampa a secco amo accostare la puntasecca e l’acquaforte, alla maniera nera con forme isolate affianco l’acquaforte, etc. Gli accostamenti determinano una magica preziosità.
Ho elaborato un repertorio di segni al quale attingo rimanendo coerente alla mia personalità nel rispetto della mia vena poetica.
Anche la fase di stampa con i vari tipi di inchiostro, di carta e di metodi di pulizia delle lastre, rappresenta un aspetto fondamentale . Inoltre la matrice deve essere realizzata dall’incisore in ogni sua fase, altrimenti non è una stampa originale.
L’obiettivo, che da sempre mi prefiggo,è quello di trasmettere il mio sincero amore per la natura.
In modo assolutamente emozionale, mi aggiro come un instancabile felino che cerca la sua foresta ideale; la natura è da sempre un eccezionale territorio di suggestioni, di vibrate variazioni di forme, luci, colori che, tradotti in bianco e nero, trasmettono valori autobiografici, affettivi, estetici, letterari, in una ricchezza senza fine.
La gravure : une grande passion
Avvertire qualcosa di sottilmente speciale; con sensibilità e passione, attraverso le emozioni e i rapimenti dello sguardo, entrare in una foresta, percorrere sentieri che sconfinano nell’immaginario, perdersi nell’aggrovigliato intreccio della vegetazione, sentire i profumi, avvertire le presenze di grandi e piccole vite, accorgersi di avere intorno un’infinità di sollecitazioni, inchinarsi alla grande potenza della natura, arrendersi al lento macerare delle materie che mutano col tempo la loro composizione, così come le sostanze corrosive, utilizzate nelle morsure di una lastra, levano, sgretolano, sciolgono il metallo, rivelando nel segno il messaggio che l’artista consegna al vortice infinito che sospinge l’umanità verso un destino inimmaginabile.
L’instabilità del confine tra irreale e reale, parti di luce che si legano e si dissolvono per evidenziare forme nuove. Tracce che si consumano, fragilità senza risposte apparenti, bellezze che si mostrano come una sfolgorante fascinazione e poi scompaiono.
Varietà di tecniche, volontà di esprimersi con un linguaggio chiaro che raccolga un deciso riordino delle idee per non tralasciare nulla. Impressioni d’attualità, memorie del proprio essere, dei cammini intrapresi e poi lasciati, opportunità svanite per tentativi, forse troppo timidi, di viaggio in immensi territori fisicamente mai vissuti, ma che, con la sensibilità di un’alchimia, si possono palesare, come una sorpresa, prima su una lastra di rame e poi su un semplice foglio di carta umida.
Mescolare i sogni con la realtà; dai giardini scenografici, barocchi, ricchi di architetture maestose come un insieme di folies disseminate nel parco, farsi coinvolgere e trasportare in un mondo armonico, ricco di biodiversità. Aggiungere nostalgia per le età dorate e per la vera vita selvaggia, e poi l’India e l’Oriente con le loro splendide memorie archeologiche, la sensualità e la bellezza delle persone, i paesaggi sconvolgenti.
Valorizzare le tecniche, sovrapporre ceramolle, acquaforte, acquatinta, privilegiare il segno, la connotazione personale dell’incisore, affiancare forme distinte di maniera nera per ottenere immagini stilizzate, nuove, concettuali, fortemente legate all’invenzione di un linguaggio indipendente, veramente contemporaneo, ma che rifiuta le abitudini e i commerci.
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