Le papier amate
Le papier amate (du nahuatl amatl, papier) est utilisé depuis la civilisation mésoaméricaine des Mayas pour raconter l'histoire des civilisations précolombiennes, formant des livres appelés codex. Ce papier servait également à des fins rituelles et, imprégné de sang, de copal ou de caoutchouc, pouvait être brûlé comme offrande aux divinités lors de cérémonies.
L'élaboration du papier amate
Ce papier traditionnel était autrefois élaboré au printemps à la nouvelle lune1 à partir de longs morceaux d'écorce en pelant les arbres, depuis une trentaine d'années les jonotes blancs et rouges. L'écorce dont il faut séparer l'écorce intérieure de l'écorce extérieure (travail généralement réservé aux hommes) est d'abord imbibée d'eau froide de sorte que le latex glutineux coagule et puisse être gratté. Les fibres sont ensuite séchées puis écrasées, enfin bouillies dans de l'eau à la chaux et ramollies.
Photo2 © Le jonote
La substitution des espèces originelles (Xalamatl y Morus celtidifolia) épuisées, par le jonote coloré serait à l'origine de l'introduction de la soude caustique qui sont déversés dans la rivière et du chlore (qui produit des gaz toxiques à l'évaporation) dans la fabrication du papier amate. La contamination des rivières et des terres de la communauté de San Pablito, Pahuatlán, dans la Sierra Norte de Puebla, devenue problématique a amené les universitaires2 à chercher de nouvelles solutions de blanchiment dans le processus de fabrication de ce papier traditionnel.
Il a été proposé de remplacer la soude caustique par une préparation à base d'agrumes, car ils ont la propriété d'éliminer la lignine (polymère) et d'autres substances empêchant les fibres de cellulose de se séparer. Après cette phase de fermentation, la préparation est cuite avec de la cendre de diverses espèces végétales produites dans la région. L'avantage est que -n'ayant plus besoin d'éliminer la soude- la quantité d'eau utilisée est largement diminuée, en plus de pouvoir utiliser d'autres écorces.
Photo2 © Elaboration du papier amate
Les fibres obtenues, rincées à l'eau froide, sont ensuite croisées en double épaisseur sur une planche en bois pour y être battues à l'aide d'une pierre rainurée afin qu'elles macèrent. Les feuilles obtenues, lisses sur le côté de la planche et rugueuses du côté battu, sont séchées au soleil avant d'être homogénéisées (polies par une pierre jusqu'à rendre le papier brillant, sauf chez les Otomis). Le papier peut alors être plié et lié en quarts, emballé par groupes de six et envoyé au marché du village pour la vente.
Après la conquête espagnole, le papier amate fut supplanté par le papier européen. La tradition a cependant été perpétuée par les principaux groupes indiens de la région de la Huasteca que sont les Nahua (Aztèques), Otomi et Tepeha.
Vidéo Sandino Leal © Elaboration du papier amate
Vidéo AV casaproductora © Elaboration du papier amate
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