Laila Havilio Schwartz
"Je suis venue en ce monde pour sculpter."
Laila Havilio sculptant la pierre
"Pratiquer la sculpture est, pour moi, avant tout thérapeutique. Cela me libère. Quand je travaille, le monde s'arrête, c'est l'ici et l'instant présent. Ma concentration est à son apogée et la connexion avec mon travail est total. J'aime ce que je fais, je sens que je suis venue au monde pour réaliser ce travail.
Je vais à la rivière chercher des pierres et réellement elles m'interpellent par leur forme et leur coloris, je peux voir l'œuvre terminée, ses contours et couleurs définissent ce qu'elles deviendront en priorité, souvent la surprise est énorme, parce que mon appréciation initiale coïncide avec le résultat final, cela me donne une grande satisfaction, j'appelle ce phénomène connexion, constater que ce que j'ai vu se matérialise tel que je l'ai conçu.
Laila Havilio sculptant le bois
Paradoxalement, je sens que je j'explore en permanence le matériau, les forme et solution pour les unir en un tout, solutionner des processus techniques, pratiques. Ce chemin est celui qui me motive le plus, penser en quelque chose, lui donner vie est le meilleur des défis.
Ainsi, comme la pierre, le grès et le bois sont des matériaux que je travaille en permanence oscillant entre l'un et l'autre. Quand le travaille de la pierre devient aride et mon corps réclame la tranquillité, je m'immerge dans le modelage du grès, cette douceur du matériau me procure un répit, pour ensuite réunir des forces et continuer avec la pierre ou le bois. Cette alternance est comme un cadeau, elle me permet de prendre mes distances et de revenir avec davantage de lucidité au travail.
Laila Havilio travaillant les plumes
A travers mon long parcours en sculpture, j'ai eu le privilège de travailler l'œuvre durant un an à « La Fonte en bronze » selon la méthode de la cire perdue, là avec un système d'échange sont produites des œuvres en bronze, je n'ai pas continué parce que c'est très coûteux et je n'ai pas les moyens de le financer, cela a été une expérience extraordinaire. J'ai aussi expérimenter le béton, de fait, j'ai fabriqué des tables et bancs dans ce matériau comme en sculpture.
J'ai connu également une étape conceptuelle lors de laquelle j'ai travaillé la thématique de la gripper aviaire. J'ai participé à une résidence en Espagne, Castilla la Mancha, dans des maisons grottes. Là, j'ai travaillé avec des plumes... J'ai pris comme référence la vidéo de Ron Fike : « L'histoire de l'humanité ».
Laila Havilio
Laila Havilio 2010 Exposition Reliefs
Laila Havilio
Il y a une part d'improvisation dans la sculpture de Laila Havilio (née en 1960) et il semble qu'elle ait pris goût à l'étonnement qu'elle ressent à la réalisation de chaque pièce. Sa créativité est intuitive et, peu à peu, elle maîtrise l'exécution technique. L'évolution de son travail est d'ailleurs très sensible.
Très soucieuse du choix des matériaux, par leur forme et leur(s) couleur(s), elle révèle sa grande sensibilité pour la nature et le respect pour son harmonie immuable que le genre humain ne respecte pas toujours comme il le devrait.
Laila Havilio développe une agilité qui se traduit par l'expression explicite de sa sensibilité. Elle s'est donnée d'emblée la liberté de respecter les formes naturelles, visionnant l'objet final avant sa réalisation. C'est un don qui associe la pensée a l'image.
La présence redondante de visages humains est notoire mais il n'en ressort pas de sentiment d'égocentrisme car ses personnages, par leurs postures, mouvements, ou titres, expriment un désir de rencontre, une aspiration à la vie. Cela rend la sculpture de Laila Havilio très sensible et forte à la fois.
Cécile Bouscayrol
Oeuvres commentées de Laila Havilio
2016 Deux faces d'une même pierre, Nous sommes un, Repos mérité, Debout, Tête / 2014 Nous sommes la mémoire / 2013 Zeus, Je suis de pierre / 2012 Ames jumelles / 2011 L'envol, Esprit marin, Ensemble.