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Ossip Zadkine - Artiste aux multiples talents

Le musée Ossip Zadkine, Paris
Musee Zadkine - Paris

Une vie consacrée à l'art

Ossip Zadkine (1890-1967) naît le 14 juillet 1890 à Vitebsk en Biélorussie. Son père de famille juive se convertit à la religion orthodoxe afin d'épouser Sophie Lester d'origine écossaise. Son goût pour le dessin s'impose à lui très jeune et dès l'âge de douze ans il modèle la terre glaise et improvise un atelier dans un coin de la bibliothèque paternelle. Il épouse en août 1920 Valentine Prax (1897-1981) artiste peintre, à Bruniquel près de Montauban. En 1928, le couple s'installe au 100, rue d'Assas, à Paris. En 1934, ils acquièrent une habitation délabrée à Arques, dans le Quercy, qui devient un lieu de création. Mais Zadkine doit s'exiler et obtient un visa pour les Etats-Unis fin mai 1941, il ne rentre qu'en 1945 « bien changé, ravagé ». Sa trajectoire artistique se renforce et la consécration approche. En 1962, il entreprend la rédaction de ses mémoires publiées sous le titre Le maillet et le ciseau, souvenirs de ma vie. Il meurt le 25 novembre 1967.

Artiste aux multiples talents, Ossip Zadkine sculptait toutes sortes de matériaux : mortier, bois, plâtre, pierre, bronze, etc. Son travail exhale une grande tendresse pour la femme qu'il représente avec délicatesse. Son art est suggestif : caresse, respiration, mouvement allégorique ou allusif, sauf lorsqu'il exprime son dégoût de la guerre. L'œuvre de Zadkine exprime l'humanité d'un homme qui fait la différence entre l'amour et la haine. De la religion juive, il ne parle guère, mais le cours des événements l'oblige à l'exil aux Etats-Unis, seul, car sa femme Valentine Prax doit rester à Paris pour préserver son travail de la confiscation par les nazis.

La maison d'Ossip Zadkine, Paris
Musee Zadkine - Paris

Le musée Zadkine, Paris

Visiter le musée Zadkine, c'est se donner la possibilité de découvrir l'œuvre de l'artiste au fil de leur création. Y figurent des œuvres de jeunesse inspirées de l'art africain avec plusieurs têtes : héroïque (1908), d'homme (1919), aux yeux de plomb (1919) la plus proche de l'art de Modigliani, de femme (1924). D'autres comme La belle servante (1926-28) datent de sa période cubiste dont il se détourne au profit d'une autre recherche esthétique, des montants de cheminée (1922) à la Femme à l'oiseau. Zadkine est influencé par l'art égyptien, ainsi La tête de femme (1924) au crâne chauve, les sourcils saillants, lobes incrustés de pierre, nez aquilin, ou encore l'Oiseau d'or (1924) qui ressemble aux oiseaux peints dans les pyramides. Il sculpte de nombreux bustes, souvent acéphales.

L'atelier d'Ossip Zadkine, Paris
Musee Zadkine - Paris

Thématiques dans l'oeuvre de Zadkine

Il travaille à partir d'une grande variété de thèmes :

  • musicaux Femme à la mandoline (1914), Accordéoniste (1922-26) dont lui-même jouait et l'une des toutes premières œuvres à avoir été fondue en bronze,
  • mythologiques comme La naissance du Vénus (1930), Castor (1953), Orphée (1960),
  • religieux : de la Bible l'Ancien Testament : Rebecca (1927), et le Nouveau Testament : Le Christ(1938) monumental taillé dans un tronc d'ormeau ( suspendu cloué par la main droite sans croix, nu sans le traditionnel perizonium ou pagne de pureté), Le retour du fils prodigue (1952), Vierge à l'enfant (1953), Pieta (1957), la Torah : L'arbre de vie – Menorah (1957),
  • philosophiques : Mélancolie (1927-1937),
  • poétiques : La poétesse ou Monument pour un jardin (de même que son projet de monument à Guillaume Apollinaire),
  • des souffrances et de la guerre : le Projet de monument à Alfred Jarry* (1938) qui met en scène avec humour les traits humains les plus grotesques (la Pataphysique ou sciences des solutions imaginaires), La terreur (1947), La ville détruite (1951), ou même Les mains végétales (1957-58), La Forêt humaine (1957-58) dont il dit : « Je fis un groupe de trois personnages dont le bas était comme un lendemain de désastre –formes cassées, chaotiques dans leur déchéance – et le haut troué mais rebâti : j’étais devant la forêt humaine. », Girouette (1965).
  • laïcs tels que Homo sapiens (1933-35), Germination (1948), La naissance des formes (1958), Coeur venteux ou Vie intime (1958), Sculpture pour l'architecture dite aussi Portique (1965).
  • La femme est omniprésente tout au long de sa création, de l'Odalisque (1919), la Maternité (1919), à La belle servante (1926-28), Tendresse maternelle (1958), aux Confidences (1944), ou encore Les amis (1965).
  • Les instruments de musique sont fréquents, ainsi Statue pour le jardin (1943-44) dont le violon est aussi squelettique que le personnage (la musique n'existe qu'avec le musicien, s'il meurt elle meurt), La poétesse (1954) qui tient un violon, Orphée (1960) une lyre.

Quand les matériaux coûteux ne sont plus accessibles, il pratique la terre cuite. Son épouse qui est également artiste peint à ses côtés tout en développant indépendamment sa production. Leur amour est constant, bien que Zadkine ait eu sur le tard une maîtresse dont naquit un fils, Nicolas Hasle, et c'est grâce au respect mutuel qu'ils éprouvent l'un pour l'autre -notamment dans le travail- que l'ensemble de l'oeuvre de Zadkine n'a pas été dispersée, Valentine Prax nommant la ville de Paris légataire universel (droit moral et droits patrimoniaux).

Cécile Bouscayrol
Postedby Moving Art International

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